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Lorsqu’il s’agit de nourriture, d’énergie et de médicaments, le Canada se doit d’être plus autonome

L’article paru au Hill Times est disponible ici.

Avant la COVID-19, nous avons observé les ravages que peuvent faire les conflits internationaux. La Chine, par exemple, a brusquement annulé des milliards de dollars en importations de canola en provenance du Canada, ce qui a mis nos agriculteurs en difficulté. Puis, tout au long de la pandémie mondiale, nous avons vu comment les chaînes d’approvisionnement de nombreux produits dont nous dépendons peuvent facilement être perturbées et entraîner des répercussions pour l’ensemble de notre économie.

Des semi-conducteurs au lait maternisé, nous avons vu à quel point les chaînes d’approvisionnement peuvent être fragiles. Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, nous voyons comment la dépendance de l’Union européenne à l’égard du pétrole et du gaz russes a placé l’Europe entre le marteau et l’enclume. Sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes signifie que depuis le début de l’invasion, la Russie tient l’UE en échec, pour ainsi dire.

Depuis la pandémie, nous avons tous dû apprendre à conjuguer avec la précarité et la nature « juste à temps » de nos chaînes d’approvisionnement. Nous devons nous assurer que nos chaînes d’approvisionnement sont robustes et fiables en cette période d’incertitude mondiale grandissante, et qu’elles ne dépendent pas de partenaires commerciaux potentiellement hostiles. Ce besoin n’est nulle part aussi urgent que pour notre approvisionnement national en médicaments d’ordonnance.

Depuis quelques années, les fournisseurs en médicaments génériques – ceux qui produisent la grande majorité des ordonnances quotidiennes des Canadiens – nous avertissent que notre production locale est fortement tributaire des ingrédients pharmaceutiques actifs (IPA) produits en Inde et en Chine.

Que se passerait-il si une nouvelle crise mondiale survient et qu’un pays dont nous dépendons pour nos IPA interrompt notre approvisionnement, pour une raison ou une autre ? Notre approvisionnement en produits pharmaceutiques est-il surexposé à d’éventuels conflits commerciaux, événements géopolitiques et pandémies ? Prenons-nous des risques inutiles ?

Comme le souligne une récente étude d’EY Canada, notre pays est de plus en plus dépendant des importations pour son approvisionnement en médicaments d’ordonnance. Le nombre de médicaments génériques produits au pays a diminué de 34 % au cours des trois dernières années. Il est inquiétant de constater que seulement 12 % du volume des médicaments génériques vendus au Canada sont produits au pays.

Il s’agit d’un risque pour la stabilité de notre approvisionnement national et une occasion ratée de créer davantage d’emplois bien rémunérés au Canada. De plus, malgré le fait que les médicaments génériques sont déjà beaucoup plus abordables que leurs équivalents d’origine, les fabricants canadiens de médicaments génériques subissent des pressions constantes pour faire baisser les prix, ce qui représente un risque supplémentaire. Nous ne pouvons simplement pas continuer à exercer des pressions à la baisse sur les prix des médicaments génériques d’ordonnance sans compromettre davantage la viabilité du secteur canadien du médicament générique et les 11 000 emplois bien rémunérés qui y sont associés.

Un peu de contexte : les médicaments génériques sont utilisés pour remplir 74 % de toutes les ordonnances, tout en représentant moins de 21 % des dépenses totales en médicaments d’ordonnance. Il s’agit d’un écart énorme. Au cours des 15 dernières années, les prix de certains des médicaments génériques les plus vendus au Canada ont chuté de pas moins de 80 %. Aujourd’hui, les médicaments génériques peuvent coûter aussi peu que 10 % de leurs équivalents d’origine.

Cependant, le Canada utilise étonnamment un pourcentage moins élevé de médicaments génériques que les États-Unis. L’utilisation plus fréquente des médicaments génériques, y compris l’application de la clause de « substitution générique obligatoire » dans les régimes d’assurance-maladie afin que les versions génériques soient prescrites par défaut, permettrait aux patients, aux gouvernements et aux employeurs canadiens de générer des économies substantielles. Pour chaque pourcentage d’augmentation de l’utilisation des médicaments génériques, les contribuables canadiens pourraient économiser plus de 340 millions de dollars.

De plus, comme le montre un nouveau rapport d’Aviseo Conseil, le secteur du médicament générique est particulièrement vulnérable à l’inflation. En raison de la fixation des prix, il est incapable d’ajuster ses prix à court terme pour refléter l’augmentation des coûts de production. Les coûts croissants de la main-d’œuvre, du transport et d’un régime réglementaire complexe sont de véritables contraintes pour l’industrie.

Les pressions inflationnistes auxquelles sont confrontées les sociétés pharmaceutiques sont comparables à celles auxquelles font face les familles canadiennes. Si l’on ajoute à cela le fait que les chaînes d’approvisionnement mondiales sont devenues de plus en plus complexes, ce qui entraîne des risques, des perturbations et des pénuries de médicaments d’ordonnance, les dirigeants de l’industrie sont effectivement inquiets. La véritable solution aux pressions inflationnistes que subissent les familles canadiennes n’est pas de réduire davantage le prix des médicaments génériques : c’est d’en augmenter l’utilisation.

Les récents événements, de l’annulation du canola aux innombrables perturbations de la chaîne d’approvisionnement pendant la COVID-19, à la guerre en Ukraine, devraient tous être des avertissements. Lorsqu’il s’agit de nourriture, d’énergie et de médicaments, le Canada se doit d’être plus autonome.

Les gouvernements de tout le Canada devraient tenir compte des appels lancés par le secteur du médicament générique pour aider à renforcer nos capacités de fabrication nationales et la chaîne d’approvisionnement internationale. Attendre plusieurs mois pour une nouvelle voiture est un inconvénient. Mais attendre des mois pour vos médicaments pour le cœur ? Cela pourrait être mortel.

Jim Keon est le président de l’Association canadienne du médicament générique

À propos de l’Association canadienne du médicament générique

L’Association canadienne du médicament générique représente l’industrie canadienne du médicament générique, qui joue un rôle important dans la limitation des coûts du système de santé au Canada. Les médicaments génériques servent à remplir 76 % de toutes les prescriptions, mais ils comptent pour seulement 22 % des quelque 41,5 milliards de dollars que les Canadiens dépensent annuellement pour leurs médicaments d’ordonnance.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Hugo de Grandpré,
Association canadienne du médicament générique

Tel : (514) 603-4268
Courriel : hugo@generiquescanadiens.ca